• Viel OS que j'ai jamais posté sur Lee et Simon, mon personnage et celui d'Upside sur Headwinds. À part Lee, aucun des personnages mentionnés ne m'appartiennent !
    (Simon, Teea, Lucille et Colette sont à Upside, Olympe à Aureum.Umbra et William et Alexandre à Yumiji, vos persos sont trop cools les bgs.) 
    Y'a surement des incohérences, je voulais juste écrire du fluff parce que je suis en manque d'affection :D 

    Bonne lecture !


    Le plafond du gymnase apparaissait un peu flou à travers les yeux fatigués de Lee. On était mardi soir, l’entrainement du club de cheerleading venait de se terminer et la jeune fille était allongée sur le plancher de la grande salle, Olympe et Teea à côté d’elle, celle aux cheveux roses étant la seule qui s’étirait avec assiduité.

    — Vous saviez que quand deux personnes sont amoureuses, leurs battements de coeur peuvent se synchroniser si elles se regardent dans les yeux assez longtemps ?

    C’était Olympe qui venait de balancer cette information. Non, Lee ne le savait pas. Elle n’y connaissait pas grand chose dans le fonctionnement du corps humain mais elle trouvait ça assez fantastique comme phénomène. Elle releva la tête vers sa camarade. Teea prit la parole:

    — Sérieux ?

    La jeune fille acquiesça, commençant à expliquer la raison de ce phénomène à ses deux camarades qui l’écoutaient religieusement. La petite brune n’y comprenait pas grand chose mais ça ne l’empêcha pas d’essayer.

    — Lee, tu devrais essayer avec Simon.

    La renarde regarda Teea avec les sourires froncés. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ?

    — De quoi ?
    — De le regarder assez longtemps pour que vos battements de coeur se synchronisent, tu nous diras si ça marche.

    Les sourcils de la jeune fille se froncèrent un peu plus, un petit pli apparu au milieu de son front.

    — On est pas amoureux, ça fonctionnera pas.

    Teea et Olympe eurent un petit moment d’hésitation avant de tourner la tête l’une vers l’autre, comme si elles essayaient de communiquer silencieusement. La brune les regarda faire, un peu perplexe, un peu confuse par leur réaction.

    — Comment ça ?
    — Bah, on est amis. Je l’aime super fort mais pas comme ça.

    Nouvel échange de regard entre les deux filles, mi-surprises, m-amusées.

    À vrai dire, Lee n’avait jamais réfléchi à la question. Elle savait qu’elle aimait, non, qu’elle adorait Simon, qu’il était sans aucun doute son meilleur ami dans le monde entier, ça elle le disait à qui voulait l’entendre. Et même à ceux qui ne le voulaient pas. Mais elle n’avait jamais vraiment pensé au sens qu’elle donnait au verbe aimer. Elle savait juste que le blond était placé très très haut sur la longue liste des choses qu’elle aimait. Et que la liste des choses qu’elle aimait à propos de son ami était très longue.

    Déjà elle aimait sa voix.

    La première fois qu’elle l’avait entendu chanter, c’était en cours de sport. Ils avaient cours en même temps mais ne faisaient pas la même activité. Lee était sur le terrain de basket en extérieur et Simon était sur la piste d’athlétisme un peu plus loin, trottinant à petites foulées, bien derrière les autres.

    Sur ce point là, les deux amis étaient pareils, ne voyant pas vraiment l’intérêt de la course à pied. Ne voyant pas vraiment l'intérêt du sport en général.

    La renarde n’était pas vraiment investie dans son match, ses camarades ne jugeaient pas utile de lui passer le ballon et ça lui allait très bien, elle préférait observer Simon prendre son temps plutôt que de jouer.

    Le blond avait fini par passer à côté d’elle, sa voix parvenant à ses oreilles. Il fredonnait doucement une chanson que Lee ne connaissait pas.

    La jeune fille savait que son ami chantait dans un coeur, il lui avait dit un jour. À l’époque, elle avait doucement rit, imaginant Simon s’égosiller dans une église. Elle n’avait pas imaginé une seule seconde qu’il chantait si bien.

    La bouche de Lee s’ouvrit sous la surprise, ses yeux ronds comme des billes tandis que Simon continuait sa course. Si l’émerveillement avait un visage, ç’aurait été celui de Lee à ce moment là. Son esprit était encore plus vide que d’habitude, la seule chose que la brune pouvait percevoir était la voix du blond alors qu’il descendait dans les graves. Rien d’autre, même pas le ballon qui arriva vers elle a toute vitesse et heurta l'arrière de son crâne.

    Sous le choc, Lee tomba en avant comme une poupée de chiffon, un petit cri passant la barrière de ses lèvres ouvertes. Les étoiles qu’elle avait dans les yeux quelques instants auparavant semblaient désormais danser devant elle alors qu’elle roulait sur le dos, un peu sonnée.

    Elle observa le ciel au dessus de sa tête pendant un moment, sa vision bien vite obstruée par ses camardes qui lui demandaient si ça allait. Elle avait mal à la tête et s’était éraflé les genoux et les paumes en tombant. Non, ça n’allait pas vraiment.

    C’est William qui l’accompagna à l’infirmerie, se confondant en excuses pendant tout le long du trajet. Apparemment il avait paniqué et avait envoyé la balle sans vraiment viser. Lee n’était pas rancunière, elle se doutait bien qu’il ne l’avait pas fait exprès.

    Sa tête la lançait toujours, même après avoir appliqué de la glace contre. L’infirmier avait désinfecté ses genoux et Lee avait demandé à mettre des pansements, même si ce n’était pas vraiment utile.

    Elle était restée tard à l’infirmerie, trop fatiguée pour se lever du lit sur lequel elle s’était allongée. Et puis elle n’avait pas vraiment envie de retourner en cours, elle avait mathématiques. Alexandre devait s’en douter un peu, l’infirmier n’était pas idiot, cependant il n’avait fait aucun commentaire, laissant l’élève se reposer.

    Simon arriva juste après la sonnerie, vu ses joues rouges, il avait couru dans les couloirs. Il s’approcha de son amie doucement et lui parla en chuchotant:

    — Ça va mieux ?
    — Oui. Regarde, j’ai des pansements.

    La brune montra ses genoux avec fierté, battant des jambes alors qu’elle se redressait pour s’assoir sur le bord du lit.

    Le jeune homme eut un petit sourire. Elle semblait aller bien.

    — Tu penses pouvoir sortir ?

    La lycéenne jeta un coup d’oeil vers Alexandre qui acquiesça silencieusement, les yeux toujours rivés sur l’écran de son ordinateur.

    — Oui. J’ai super faim.

    Elle se releva doucement, s’appuyant contre le mur et attendit quelques secondes, peu désireuse d’avoir la tête qui tourne.

    Ils sortirent de l’infirmerie tout les deux, Simon marchant suffisamment lentement pour que Lee, ses petites jambes et son crâne un peu douloureux puissent le suivre.

    Alors que le blond allait demander ce qui avait provoqué la bosse derrière la tête de son amie, cette dernière prit la parole:

    — Tu peux me chanter une chanson ?
    — Quoi ?
    — Est-ce que tu peux me chanter un truc s’il te plait ?

    La demande soudaine de sa camarade le surprit un peu. Là ? Tout de suite ?

    — Pourquoi ?
    — Bah... pourquoi pas ?
    — Maintenant ?
    — Y’a personne.

    En effet, les couloirs étaient déserts.

    — T’es sûre ?
    — Oui oui. S’il te plait.

    Le lycéen se gratta la nuque, les joues un peu rouges. C’était un peu gênant.

    Les premières notes se firent un peu hésitantes, puis le jeune homme releva la tête et regarda bien devant lui, continuant à marcher alors qu’il chantait doucement le premier couplet de Next Year. C’était sa chanson préférée, Lee le savait parce qu’il l’écoutait tout le temps, elle passait systématiquement lorsqu’il partageait ses écouteurs avec elle.

    La jeune fille ne croyait pas au paradis, elle était convaincue que quand on mourrait, ce n’était pas la fin. Qu’on avait pas bossé toute notre vie pour devenir du vide, du rien même si, dans un sens, du rien c’était quand même quelque chose. Elle croyait à la réincarnation, que les gens devenaient quelque chose ou quelqu’un d’autre après tout ça.

    Cependant, si elle se trompait, que le paradis existait et avait une bande-son, une musique d’ascenseur jouée quand on montait au ciel, ce serait la voix de Simon. Sur cette chanson en particulier.

    Oui, alors que Simon arrivait au refrain, Lee en était convaincue. Elle le regardait chanter, marchant tout doucement, comme si le bruit de ses pas pouvait perturber la chanson. Elle ne voulait pas qu’il s’arrête, pour rien au monde.

    La jeune fille chantait comme une casserole, elle était incapable d’aligner trois notes justes, alors forcément, elle était d’autant plus impressionnée.

    Si la petite brune n’avait pas été si concentrée à écouter religieusement son ami, elle aurait surement remarqué que son coeur battait un peu plus vite. Tapant dans sa poitrine, raisonnant dans sa tête quasiment aussi fort que New Year actuellement.

    Peut-être que si elle avait fait un peu plus attention, elle se serait rendue compte que son coeur semblait danser au rythme de la voix de Simon. Et que c’était presque aussi beau que la chanson qui s’achevait alors.

    Il lui fallut quelques secondes avant de redescendre sur terre, les yeux de son ami rencontrant les siens, brillants et plissés par son grand sourire, presque aussi retentissant que le coeur de Simon qui battait tout aussi vite.

    + + +

    Elle aimait aussi quand il râlait. Contre les autres, pas contre elle, ça c’était moins drôle, elle aimait moins.

    Simon était quelqu’un d’un peu grincheux, de facilement contrariable.

    Ce jour là, c’est un blond contrarié qui fut rejoint par Lee à la sortie de cours. La plus âgée des deux l’attendait devant sa classe et remarqua tout de suite que son ami était énervé. Lucille murmura même un « bon courage » à Lee alors qu’elle passait devant elle.

    Le jeune homme s’arrêta devant la brune, la surplombant de son mètre 95. Il était un peu intimidant avec son air renfrogné mais ça n’enleva pas la bonne humeur de Lee. Au contraire, c’était sa mission de lui remonter le moral.

    Elle l’attrapa par le bras, enserrant ses doigts autour de lui pour ne pas qu’il s’échappe et se dirigea vers la cantine.

    — Qu’est-ce que t’as ?
    — Rien.

    La jeune fille s’arrêta, le forçant à s’arrêter aussi. Elle lui lança son regard le plus menaçant possible, regard qui —entre nous, ne faisait pas bien peur mais l’important c’est d’essayer.

    — Y’a un gars qui m’a dit « NTM » tout à l’heure, marmonna t-il finalement en détournant les yeux.

    Lee savait que c’était l’une des pires insultes du monde selon Simon. C’était encore pire que si on l’insultait lui directement.

    La jeune fille ne prit même pas la peine de demander ce que le blond avait bien pu faire ou dire pour recevoir un « NTM ». Parce qu’il avait forcément fait un truc, ce genre de mot n’est pas gratuit. Elle savait que Simon n’allait jamais avouer qu’il l’avait potentiellement un peu cherché. Pour ça il aurait du avouer qu’il était aussi un peu en tord et ça c’était impossible.

    — Quel gros con.

    Ça faisait aussi bizarre pour Lee de jurer que de Simon de l’entendre. Comme si la bouche de la jeune fille n’était pas faite pour sortir certains mots. Ça les fit sourire tout les deux, chacun essayant de masquer sans grand succès leur expression un peu amusée.

    La cuisine du pensionnat était rarement fermée en journée et il était relativement tôt. La jeune fille s’y introduisit sans aucune hésitation, sous le regard un peu interloqué de son ami. Cependant il la suivit sans discuter, s’adossant contre le plan de travail alors que Lee fouillait dans les placards comme si elle était chez sa mère.

    — Tu comptes voler des trucs ?
    — Non ! Je suis pas une criminelle, on va cuisiner.

    Simon n’était pas vraiment doué en cuisine, il devenait presque dangereux avec un quelconque ustensile à la main.

    Elle sortit de la viande hachée et de la sauce tomates des grands frigos situés sur le côté de la cuisine. Elle s’attacha les cheveux et se lava les mains avant d’attraper une casserole et de la mettre sur le feu, versant la sauce et la viande dedans.

    Simon la regardait faire en silence, pas vraiment sûr de ce qu’elle était en train de faire ni de comment il pouvait l’aider. Elle commença à couper des légumes d’un geste expert, une mine concentrée assez rare sur son visage.

    — Est-ce que tu peux mettre de l’eau à chauffer ?
    — Oh, euh ouais.

    Le blond se redressa et fouilla à son tour dans les placards. Il en sortit une assez grande casserole qu’il montra à son amie pour avoir son accord.

    — Comment ça c’est bon ?

    Lee tourna la tête rapidement et acquiesça avant de se remettre à couper ses légumes qu’elle ajouta ensuite dans la sauce.

    Remplir une casserole d’eau était tout de même à la portée des faibles talents culinaires du jeune homme. Il la posa sur le feu, bataillant un peu avec les plaques de cuisson.

    — Faut que tu mettes du sel dans l’eau, ce sera fade sinon.

    Simon s’exécuta, s’arrêtant de verser le condiment au moment où son amie lui dit stop. Maintenant, ils devaient juste attendre que l’eau chauffe.

    Assis l’un à côté de l’autre sur le plan de travail, Simon écoutait Lee lui raconter sa journée avec enthousiasme. Sa colère était un peu redescendue, la joie de la brune était trop communicative.

    La plus âgée s’interrompit en plein milieu de sa phrase et descendit du plan de travail en sautant sur ses pieds.

    — L’eau bout !

    Dit comme ça, c’était comme si c’était la chose la plus incroyable qu’elle avait vu de sa vie.

    Elle se dirigea vers les étagères et se pencha pour attraper un paquet en plastique qu’elle tendit à Simon avec un sourire.

    — Tiens, mets les dans l’eau.

    Des lasagnes. Ils étaient en train de préparer des lasagnes. Parce que c’était le plat préféré de Simon.

    Bien trop attendri par cette information, il ne fut pas bien vigilant alors qu’il plongeait les lasagnes dans l’eau bouillante pour les faire cuire. Quoique même si il avait été vigilant, le résultat aurait surement été le même. L’eau gicla sur le dos de la main du blond qui se recula un peu trop tard.

    — Ow !

    Lee fut plus réactive que lui, lui attrapant le poignet et lui passant sa main sous l’eau glacée, les sourcils froncés. Le contact froid apaisa immédiatement sa peau et il laissa s’échapper un petit soupir de soulagement.

    La jeune fille éteignit l’eau quelques secondes plus tard et se dirigea vers son sac à dos laissé à l’entrée pour revenir avec une petite trousse qu’elle ouvrit. Elle fouilla un peu dedans et en sortit un pansement bleu avec un motif de lapins blancs dessus. C’était ses pansements préférés mais elle était prête à en passer un à Simon, juste à Simon. Elle décolla la bande pour la coller sur la peau légèrement rouge de son ami, elle lissa un peu le tout avec ses pouces et s’éloigna un peu pour admirer son travail.

    — Voilà !

    Le jeune homme n’avait pas bien l’air convaincu, le pansement, bien que très mignon ne laissait pas vraiment sa peau respirer. Cependant il n’osa pas faire la remarque à Lee qui était plus douée en cuisine qu’en médecine et qui avait la fâcheuse tendance de mettre des pansements partout, même quand il n’y avait pas besoin. Surtout quand il n’y avait pas besoin.

    Alors, pendant que la brune se remettait aux fourneaux, Simon décolla le pansement pour le recoller un centimètre plus loin, histoire qu’il soit toujours sur sa main mais qu’il ne recouvre pas la brûlure.

    Lorsque le petit plat sortit du four trois quarts d’heure plus tard, une délicieuse odeur de lasagnes embaumait la cuisine et la colère de Simon était définitivement partie et son sourire était revenu. Et même si Lee aimait bien quand il râlait, elle préférait un million de fois plus quand il souriait.

    + + +

    Elle adorait ses mains aussi. Parce qu’elles étaient bien plus grandes que les siennes mais faciles à tenir, comme si elles étaient faites pour ça.

    Lee se souvenait d’une fois en particulier où elle avait aimé tenir sa main. C’était d’ailleurs la première fois, un peu avant halloween, la classe de Simon avait décidé de regarder des films d’horreur et le blond avait invité son amie.

    Lee détestait les films d’horreurs, elle avait bien trop peur et cogitait des jours et des jours après en avoir vu un, étant incapable de dormir la nuit. Si ça avait été quelqu’un d’autre, elle aurait dit non. Mais là, c’était Simon alors elle se retrouvait assise à côté de lui sur l’un des canapés de la salle commune, si crispée que ça lui faisait presque mal.

    Il pleuvait dehors, on entendait les gouttes taper contre les volets fermés.

    La pièce était plongée dans le noir, la seule source de lumière était celle de l’écran. Elle se retenait de crier à chaque scène effrayante, ne voulant pas déranger les camarades de classe de son ami. Pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait, elle voulait s’égosiller, comme si s’arracher la voix pouvait faire partir la peur.

    À la place elle se contentait de sursauter violemment, son petit corps recroquevillé se pressant inconsciemment contre celui de Simon.

    — T’as peur ? Demanda le blond à voix basse.
    — Non, répondit la jeune fille, trop fière pour avouer qu’elle était morte de trouille.

    Lee ne savait pas si elle mentait très mal ou si c’était Simon qui la connaissait très bien mais quelques instants plus tard, elle sentit une paume contre la sienne, plus grande et des doigts qui s’entremêlèrent aux siens. Son coeur battait déjà bien trop vite à cause du film mais si il était humainement possible que son pouls soit encore plus rapide, il l’aurait été surement été.

    La sensation était agréable, un peu inconnue et pas vraiment descriptible, Lee savait juste qu’elle aimait ça. Sa main jusqu’alors froide commençait doucement à se réchauffer et la jeune fille préférait se concentrer sur chaque centimètre de peau qui était en contact avec Simon plutôt que sur le film. Elle observa longtemps leurs doigts faiblement éclairés par la lumière de la télévision, les sons effrayants en arrière plan la faisant toujours un peu sursauter.

    Peut-être qu’elle serrait trop fort, écrasant sans le vouloir la main de Simon. Ce dernier ne s’en plaignait pas, les yeux rivés sur l’écran.

    Est-ce que la sensation était aussi agréable pour lui qu’elle l’était pour elle ?

    Elle avait envie que le film se termine vite mais elle savait aussi que le contact s’interromprait dès le générique de fin, qu’une fois l’écran éteint, elle n’aurait plus d’excuse pour lui tenir la main.

    Elle voulait un milliard d’excuses, se maudissant silencieusement d’être passée à côté de cette sensation si réconfortante pendant si longtemps. 

    Le générique arriva avant le millard d’excuses et les lycéens partirent se coucher. La paume de Lee fut de nouveau froide, la jeune fille avait désormais l’impression qu’il manquait quelque chose. Il manquait Simon.

    Colette et Lee se rendirent dans leur dortoir et se mirent au lit très vite.

    Comme prévu, le sommeil ne vint pas pour la renarde, la peur et l’appréhension la paralysant. Elle essaya de se répéter que ce n’était qu’un film et que les fantômes n’existaient pas mais ces paroles, pourtant vraies, n’étaient pas aussi rassurantes que la présence de Simon.

    Dans d’autres circonstances, elle lui aurait demandé de dormir avec elle, juste d’être à côté d’elle aurait été suffisant, comme si les fantômes et autres esprits qu’elle venait de voir dans le film allaient être réticents à venir si il y avait le blond. Malheureusement ils n’avaient pas le droit et risquaient de toute manière de réveiller leurs colocataires respectifs.

    Peut-être qu’un jour, quand ils seront plus âgés, ils pourraient le faire, ne plus être obligés de se séparer une fois la nuit tombée. Ils pourraient rester toujours ensemble et la paume de Lee n’aurait plus à être froide le soir quand elle aurait peur.

    Lee ne pensa pas vraiment à tout ce que ça pouvait impliquer. Seulement qu’avoir Simon à ses côtés pour potentiellement tout le reste de sa vie était une idée plaisante. Aussi plaisante que la sensation de sa main dans la sienne.

    Il lui fallut un quart d’heure avant de céder et d’appeler son meilleur ami, la voix un peu tremblante, roulée en boule sous sa couette. Il répondit au bout de la seconde sonnerie.

    — Lee ?
    — Tu dors ?

    Il y eut un petit silence.

    — Non.
    — J’arrive pas à dormir.
    — Oh.
    — En fait j’ai un petit peu peur.

    Un bâillement retentit au bout du fil puis la voix de Simon raisonna de nouveau:

    — Tu veux prendre l’air ?

    Lee n’avait jamais compris cette expression, « prendre l’air », elle savait ce que ça voulait dire, elle n’était pas idiote non plus, mais elle la trouvait un peu tirée par les cheveux. On ne pouvait pas prendre l’air littéralement. Cependant ce n’était pas vraiment le moment d’y penser.

    — Oui.
    — Mets des chaussures, j’arrive.

    Il fallut quelques secondes avant que Lee ne trouve le courage de sortir de sous sa couverture et d’attraper ses chaussures. Ignorant la peur qui lui tordait le ventre, elle se leva et parcouru les quelques mètres qui la séparaient de la porte de son dortoir, tâtonnant dans la pénombre, levant les genoux bien haut à cas où une créature quelconque aurait soudainement envie de lui croquer les jambes.

    Elle sortit doucement, observant les alentours avant de fermer la porte derrière elle.

    Simon arriva quelques instants plus tard, les cheveux en bataille, pas bien réveillé. Ils parcoururent le couloir en silence avant de s’assoir côte à côte dans un recoin, face à une fenêtre ouverte, écoutant la pluie qui tombait dehors.

    Sa peur semblait bien loin, comme si elle s’était envolée alors qu’elle prenait l’air. Comme si elle avait été effrayée quand elle avait vu Simon. Fallait dire qu'il était vraiment terrifiant.

    — T’es pas trop fatigué ?
    — Non, ça va.

    Lee savait qu’il mentait, elle le voyait se retenir de bailler. Et même si ça lui fit de la peine de savoir qu’elle le privait de sommeil, ça lui faisait plaisir qu’il le sacrifie pour elle. Ça fit battre son coeur un peu plus vite. Ça la fit sourire.

    — Simon ?
    — Hum ?
    — Je peux te tenir la main ?

    Et la froideur de leurs paumes disparu de nouveau. Et avec elle les peurs irrationnelles de la jeune fille.

    + + +

    — Eh oh, Lee, allô la terre, s’exclama Teea en voyant que la lycéenne était de nouveau plongée dans ses pensées.
    — Hein ?

    Olympe indiqua le vestiaire de la main. Le gymnase était désormais vide, il ne restait plus que les trois filles.

    — Tu viens ? On va se changer.
    — Oh, euh ouais, j’arrive.

    Une fois de nouveau en uniforme, elles sortirent du gymnase. Simon était assis contre le mur, les yeux rivés sur son téléphone, il releva la tête quand il aperçu son amie.

    — Vous en avez mis du temps, râla t-il en glissant son smartphone dans sa poche.
    — On discutait, rétorqua Teea, tu viens Olympe, on rentre.

    Les deux filles s’éloignèrent après un petit signe de la main des deux kitsunes. Lee finit par s’assoir à son tour, posant son sac de sport à côté d’elle et tourna la tête vers le blond.

    — Dis, tu savais que quand deux personnes sont amoureuses, leurs battements de coeur peuvent se synchroniser si elles se regardent dans les yeux assez longtemps.
    — Oui. Je suis dans la même classe qu’Olympe j’te rappelle. On a vu ça en cours cet aprem.
    — T’aurais pu faire comme si tu savais pas et que t’étais super impressionné par mon savoir.
    — Mouais. Bof.

    Lee eut un petit rire, bientôt rejoint par celui de Simon avant que le silence ne retombe doucement, léger mais assez bruyant pour couvrir des battements de coeur.

    Pendant un moment les deux amis se fixèrent, sans un mot, se demandant si l’autre pensait à la même chose à cet instant précis.

    « Assez longtemps », c’était combien de temps exactement ?


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  • lee marxwell x simon moriarty ; hanahaki desease AU

     avant propos: ceci est un one shot (d'environ 5000 mots) sur un de mes personnages (lee) et un des personnages d'Upside (simon) sur le RPG Pensionnat Headwinds (qui est d'ailleurs super cool, allez y faire un tour). C'est un contexte school life/fantasy, à base de cohabitation entre humains et créatures. (Lee et Simon étant tout les deux des Kitsunes). Cet OS ne reflète pas du tout les événements in RP puisque c'est un AU (univers alternatif). 

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    1 commentaire
  • A la question "tu préfères les filles ou les garçons ?" elle répondait "je préfère les gens." Certains disaient d’elle qu'elle était complètement à côté de la plaque, d'autres qu’elle était avant-gardiste. Elle, disait d'elle qu'elle était. Pas besoin de préfixe ou d'adjectif superficiel pour la définir. Elle était le blanc dans le noir, le contemporain dans le classique, elle était ce qu'on ne voit pas. Plus on essayait de l'attraper, plus elle était loin, elle faisait la guerre à coups de sourire et de majeur en l'air. Elle était l'insomnie qui hante ta nuit, l'ouragan qui bouleverse ta vie.


    Ce texte a été écrit pour le concours de Naeri. A la base, ça partait d'un exercice pour mon cours de français et même si je trouvais ça joli, ça ne rentrait pas dans les critères de ma prof. Je l'ai terminé et vu qu'il faisait pile poil 100 mots, j'ai décidé de le présenté pour le 1er Drabble de Pretty Lies.

    Du coup maintenant j'ai plus rien à rendre pour le français '-'


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  • Histoire de l'un de mes personnages sur l'un des rpg d'Upside. J'aimais bien alors je le poste ici.

    19 avril 1996 : C'est en plein milieu d'Amsterdam, lors d'une visite de la ville que Mrs Reynolds, alors enceinte de 8 mois commence à ressentir les premières contractions. Son mari, complètement affolé se met alors à courir partout en criant dans un hollandais très médiocre appris dans un guide de voyage : "Un hôpital s'il vous plaît !"

    20 avril 1996 : A très précisément 4h37 du matin, une petite tête blonde accrochée à un corps tout fripé sort du ventre de sa maman en pleurs.

    20 avril 1996 : 5h03, le père de l'enfant arrive avec un bouquet de fleurs à la main. Il sourit en voyant son fils sourire et, en bon historien qu'il est, se fait la remarque que pile 107 ans plus tôt naissait le plus grand tyran que la terre n'ai jamais connu. Il prie pour que son enfant ne prenne pas le même chemin et sur le coup de l’émotion (ou peut être face à la peur que son fils devienne le nouvel Hitler) il se met à pleurer.

    2 septembre 1999 : Sam entre à la maternelle, accroché à la jambe de son papa et à la main de sa maman.

    3 septembre 1999 : Sam fait la connaissance d'Hannah, cette dernière lui a jeté du sable dans les yeux et, après 10 minutes de forte contrariété, Sam est retourné la voir pour s'excuser alors qu'il n'avait rien fait.

    19 novembre 2001 : Un groupe de garçons va voir Sam et se moque de lui en disant qu'il traîne avec une fille et que, par conséquent, il est amoureux d'elle.

    21 novembre 2001 : Hannah apprend ce qui s'est passé 3 jours plus tôt et commence à se battre avec les fauteurs de trouble.

    22 novembre 2001 : Sam va voir Hannah chez elle car cette dernière s'est faite temporairement exclure de l’école. Les mots "T'es mon meilleur ami pour la vie Sammy" sont alors prononcés.

    25 décembre 2004 : Sam reçoit un livre sur la guerre de 100 ans pour Noël. Il s'y plonge pendant 4 jours sans interruption.

    5 janvier 2004 : Sam annonce à Hannah que lorsqu'il serait plus grand, il deviendrait chevalier.

    11 mai 2004 : Pour ses 8 ans, il reçoit de la part de son oncle une épée en plastique sous le regard septique de ses parents. A la question : "Mais tu vas faire du mal aux gens avec ça ?", Sam répond tout naturellement : "Non ! Je vais les défendre."

    20 avril 2006 : Toute la famille Reynolds et Hannah partent en Angleterre pour le dixième anniversaire de Sam.

    8 août 2008 : Sam entend des cris, des pleurs, des assiettes qui se brisent à travers la porte de sa chambre.

    9 août 2008 : C'est dans un silence de mort et d'une voix enrouée que son père lui annonce sa décision de divorcer avec sa mère.

    16 août 2008: Sam est assis sur les marches d'une gare peu fréquentée. Il a les yeux rouges et mal à la tête à force de réfléchir. Il a trop chaud et n'arrive plus à pleurer. Ça fait une semaine qu'il passe ses journées dehors. Il ne supporte plus l'ambiance de chez lui, les cartons qui s'entassent dans un coin. Et les pleurs, et les cris.

    18 août 2008 : Il pleut des cordes, un violent orage d'été tellement assourdissant que Sam ne s'entend même plus pleurer. Sa mère a quitté la maison aujourd'hui et il se sent tellement vide, sans aucun sens. Il revient sur les marches de la gare, il est trempé et les marches sont glissantes. Il n'y a personne à par un homme barbu qui, à en juger par l'état de ses vêtements et par les nombreux sacs autour de lui, n'a pas d'abri. L'inconnu le regarde et Sam, honteux de pleurer alors que lui, il a un toit et une famille, baisse les yeux et s'en va.

    19 août 2008 : Sam a revu l'inconnu de la gare, il lui a dit bonjour et ils se sont souri, un sourire triste et désolé des deux côtés mais un sourire quand même.

    20 août 2008 : L'adolescent a acheté un paquet de cookies et l'a partagé avec l'inconnu qui ne l'était plus tant que ça. Il apprend qu'il s'appelle Carter, que sa femme est morte d'une maladie du sang et qu'il est à la rue depuis 4 ans.

    31 décembre 2009 : Sam passe le nouvel an avec Hannah et Carter dans un fast-food un peu miteux mais tout à fait convenable pour les trois acolytes qui rient comme des imbéciles heureux.

    2 février 2010 : Carter a trouvé du boulot dans une station service et Sam et Hannah sont allongé sur une esplanade de jeux pour enfants. Ils sont frigorifiés et parlent de leur métiers futurs, la jeune fille demande à son ami s'il veut toujours être chevalier. Il rit et lui répond que, finalement, c'est trop violent pour lui, il préfère raconter les faits plutôt que les vivre. Et puis, Sam aime trop les gens pour leur faire du mal, il préfère les aider. Hannah quant à elle, lui annonce qu'elle veut être gymnaste.

    19 avril 2011 : Le 15e anniversaire de Sam. Ils sont dans le jardin, Hannah avait mal à la tête à force d'entendre des gens crier alors ils s'étaient éclipsés de la fête. Ils ont un peu bu et étaient beaucoup trop euphoriques. Ils se racontaient des blagues pas très drôles et rigolaient comme des idiots. Au détour d'une plaisanterie sur un têtard qui croyait qu'il était tôt mais enfaite il était tard, Hannah attrape Sam par les joues et plaque maladroitement ses lèvres sur les siennes. La sensation est encore plus grisante que l'alcool et les vannes nulles alors ils recommencent en riant.

    5 juin 2012 : Les deux amis (même si leur relation était ambiguë) courent pour se rendre au fast-food dans lequel ils ont pris l'habitude de se donner rendez-vous avec Carter. Aujourd'hui c'est son anniversaire et le comble serait d'arriver en retard. Sam court devant Hannah, Sam traverse le passage piéton, Hannah le suit, concentrée pour ne pas faire tomber le cadeau fragile qu'ils ont acheté à leur ami. Hannah ne voit pas la moto qui surgit sur la route. Sam entend un crissement de pneu, un cri, un bruit sourd plus plus rien.

    26 juin 2012 : Hannah sort du coma. Sam se confond en excuses, répétant toutes les choses qu’il lui a dites lorsqu’elle était inconsciente. Hannah sait déjà tout ça, elle sait aussi que ce n’est pas de la faute de Sam. Le docteur entre dans la pièce et annonce d’une voix blanche : « Tu as perdu l’usage de tes jambes, je suis désolé. » Hannah ne réagit pas tout de suite et alors que les larmes commencent à couler le long des joues de Sam, elle se met à hurler, la tête dans les mains, essayant de faire bouger ses pieds. Sans succès. Elle ne pourra plus jamais marcher, elle ne pourra jamais devenir nageuse professionnelle.

    31 septembre 2015 : Les deux amis sont assis sur le lit d’Hannah, Sam a la tête sur ses jambes, elle rit en disant qu’il peut s’appuyer sur ses cuisses plus fort, de toute façon elle ne sent rien. Ce n’est pas un véritable rire, c’est un petit gloussement qui dit « t’inquiètes pas, je vais bien ». Alors Sam sourit, pas d’un vrai sourire, d’un étirement des lèvres qui murmure : « arrêtes de faire semblant. » On dirait qu’Hannah va se mettre à pleurer, mais elle ne le fait pas. Cela fait un bon moment qu’elle ne pleure plus. Sam pense qu’elle est extrêmement courageuse, il aimerait bien savoir comment elle fait. Elle lui a dit un jour que ce qui la faisait tenir, c’était les gens. Les gens heureux, les gens démunis, les gens colériques, les gens égoïstes, les gens malades, les gens gentils. Elle aime les gens, comme lui. Demain, Sam entre à l’université, il va étudier l’histoire, comme son père. Ce dernier est d’ailleurs très fier de lui, il est même rassuré qu’il ait choisi le « bon chemin ». Sam ne comprend pas vraiment pourquoi.


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  • Ma mère m'a toujours dit que pour éviter de s'ennuyer, on pouvait penser à un mot, un seul, et voir ce qui en découlait.

     Mon mot à moi c'est Astrid.

     Certes ce n'est pas réellement un mot, plus un prénom, mais tellement de choses découlent d'elle.

     J'ai rencontré Astrid à son septième anniversaire, sa mère lui avait organisé une fête mais avait invité que des adultes, dont ma mère. J'y étais donc allée et je l'ai trouvée allongée sur le ventre sur un canapé, la tête dans les coussins, sa tignasse noire formant un halo autour de son crâne. C'est étrange mais c'était beau. Au bout de dix minutes elle a cherché ma main à tâtons avant de la prendre dans la sienne, de la serrer et marmonner son nom d'une voix étouffée par le sofa sur lequel elle était.

     On est très vite devenues amies et on a grandi ensemble.

     Pour ses neuf ans, Astrid a reçu un poster de l'univers avec une légende de tous les astres dans un coin. Je l'ai aidée à l’accrocher au-dessus de son lit et on est restées silencieuses pendant toute l'après-midi en contemplant l'espace accroché sur l'un des nombreux murs de l'un des nombreux appartements de l'une des nombreuses barres HLM qui existent à Bordeaux. Puis au bout d'un moment elle a pris un feutre bleu qui traînait par terre et a dessiné une petite étoile dans sa voie lactée. Elle s'est ensuite penchée, toujours son air sérieux et concentré peint sur son visage, et a rajouté mon nom dans la légende à côté de l'astre qu'elle venait de créer. Je n'ai jamais compris pourquoi elle avait fait ça et je n'ai jamais osé lui demander.

    On est entrées dans un collège de gosses de riches que les parents d'Astrid avaient galéré à payer et mon amie a commencé la musique; elle faisait du triangle et même si c'est l'un des instruments qui apportent le moins de gloire, elle se vantait de faire partie d'un orchestre. Elle détestait les musiques que le groupe devait jouer mais elle restait parce qu'elle se sentait importante pour des gens.

    Elle ne se rendait pas compte qu'elle était déjà importante pour moi.

    Le jour de ses seize ans, elle avait invité toute la classe, même ceux qu'elle n'aimait pas, à fêter son anniversaire chez ses grands-parents à la ferme. J'étais venue avec mon copain de l'époque dont je n'étais absolument pas amoureuse mais avec qui j'étais pour prouver à Astrid que ce n'était pas le centre de mon univers et que je pouvais très bien me débrouiller toute seule. A vrai dire j'essayais plutôt de me le prouver à moi-même car la concernée nous trouvait mignons, mon petit ami et moi, et plus elle me disait ça avec son air attendri, plus ça me faisait mal. Le garçon en question était avec moi juste histoire d'avoir une copine parce qu'à part mes seins, rien ne lui plaisait chez moi, il préférait Astrid.

    Je crois que mon copain et moi étions tout les deux amoureux d'elle.

    Amoureux de sa personne, de ses yeux, de son air rieur et insolent et surtout de l'univers qu'elle avait crée autour d'elle et par lequel on était irrémédiablement attirés.

    Elle était le centre de l'univers de beaucoup de gens.

     Astrid aimait bien faire des trucs que personne ne comprenait, par exemple elle adorait allumer un briquet près de sa bouche fermée pour sentir la chaleur de la flamme. Quand elle le faisait, j'avais tellement envie d'être à la place du briquet pour sentir la chaleur de ses lèvres à elle.

    Je ne sais pas vraiment comment ni quand j'avais arrêté de la considérer comme une simple amie mais j'étais irrémédiablement tombée amoureuse d'elle. Le pire c'est qu'à certains moments, j'avais l'impression qu'elle le savait, qu'elle voyait en moi comme dans de l'eau et qu'au lieu de dire quelque chose, elle me souriait avec insolence.

    Ma mère m'a souvent répété que j'élevais Astrid au stade de dieu vivant. Que je la pensais intouchable alors que tout le monde est humain et égal. Je voyais la pitié dans les yeux de ma génitrice quand je lui parlais d'elle avec des étoiles dans les yeux, même moi j'avais pitié de moi à certains moments. Ce n'était pas des éloges que je lui faisais, c'était des supplications.

    Quand elle a fêté ses 17 ans, on venait d'apprendre qu'il y avait eu un incendie dans le nord du pays et que des gens étaient décédés. J'étais effrayée à l'idée que la vie soit si fragile et qu'on puisse mourir si facilement. On était allongées toutes les deux sur la moquette horriblement laide de ma chambre et elle m'a serrée dans ses bras en me chuchotant que ça n'arrivait qu'aux autres ces choses-là. J'avais à peine écouté parce que j'étais en larmes dans ses bras et que mes sanglots couvraient le son de sa voix.

    Pour ses dix-huit ans, elle a acheté un van avec l'argent que ses parents avaient mis de côté pour lui payer la fac. J'avais trouvé ça horriblement égoïste mais je l'ai suivie quand même. On est parties en Allemagne, en Autriche et on a traversé tous ces pays de l'est au nom bizarre. Sur la route, Astrid s'est trouvé un polonais dont elle n'arrivait pas à prononcer le prénom mais ça n'avait pas l'air de les déranger plus que ça quand ils s'embrassaient à pleine bouche devant moi.

    J'avais l'impression qu'elle me narguait, qu'elle savait qu'elle était devenue le centre de l'univers de quelqu'un de plus et que ça l'amusait.

    Elle était égoïste, irresponsable et capricieuse. Elle avait un tas de défauts masqués sous deux ou trois qualités et un visage envoûtant. Pourtant j'étais folle d'elle, autant qu'elle était folle elle-même.

    On est restées un an et demi sur les routes avant que je décide d'arrêter et de rentrer chez moi. Mais même loin elle m'obsédait. Je m'étais éloignée d'elle pour arrêter d'être aussi vulnérable mais maintenant qu'elle était à des milliers de kilomètres de chez moi, je l'étais encore plus.

    J'ai essayé de l'oublier, je me suis trouvée un boulot, un copain que je n'aime absolument pas et un appartement. De l'exterieur, ça paraissait stable, en réalité sans elle c'était tellement bancal que je risquait de m'écrouler au sol à tout moment.

    Il y a quatre jours, j'ai reçu un texto non signé d'un numéro inconnu qui disait qu'une étoile avait pris un an de plus et qu'elle souhaiterait qu'une autre étoile la rejoigne pour fêter cet événement avec elle. Il y avait l'adresse de ses grands-parents et marqué entre parenthèses: "Tu m'as manqué."

    Alors j'ai pris ma moto et j'y suis allée, vite. Trop vite.

    Je me souviens des phares de la voiture en face de moi, du bruit sourd qu'a fait mon corps en tombant, de mon casque au milieu de la chaussée et de l'odeur du sang sur l'asphalte mouillée.

    Aujourd'hui Astrid à vingt et un ans et moi je suis clouée dans un lit d'hôpital entrain de penser à elle parce que j'ai été victime sur la route d'une de ces choses qui n'est censée n'arriver qu'aux autres.


     

    Voilà, c'est pour le concours d'Elinae. Je vous avoue que l'idée originale de la fin ne vient pas de moi, j'ai lu cette fin sur une fiche de personnage d'un forum RPG. C'est juste que je n'avais pas d'autres idées.

    Astrid (c'est pas son vrai prénom) et le personnage principal existent réellement, bon, ni l'une ni l'autre ne finit dans un lit d'hôpital à cause d'un accident de moto mais leur relation est vraiment étrange alors j'ai voulu l'écrire.


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